1er jour du 1er stage de 1ere année

Et voilà, direction le stage.

Je suis en endoscopie pour une semaine.

Je me présente. Je baragouine un truc « bonjour, je suis Des Idées d’IDE, je suis infirmière de bloc..euh…étudiante infirmière de bloc …enfin, je suis infirmière et étudiante infirmière de bloc opératoire. »

Faut que je m’entraîne à me présenter.

Une infirmière se propose de me prendre sous son aile. Elle me tutoie, je la tutoies donc. Elle m’explique ce que l’on va faire. Coloscopie et gastroscopie.

Le principe. Comment on attrape les polypes. Les photos médico-légales. Les indications.

Je reste en qualité d’observatrice. Le médecin m’explique ce qu’il fait. Je suis contente de ma matinée. C’est très chargé mais intéressant alors ça va.

Bon par contre, je me sens un vrai chat noir. Au début, elle m’explique qu’ils prennent une photo de la valve ileo-caecale pour assurer au patient qu’ils sont allés au bout du colon. « On fait ça, comme si ça arrivait souvent qu’on y arrive pas alors que c’est rarissime. »

Bon, ce matin deux procédures qui échouent.

On déjeune et je vais être l’après-midi avec une autre infirmière.

Je rentre en cours de procédure. Je me présente.

« Une étudiante, ça tombe bien. Fais moi une seringue de sérum physiologique. »

« Oui avec plaisir, une seringue de combien ? Et où est le matériel? »

« Quoi ? Tu ne sais pas? Elle ne t’a pas montré ce latin? »

Bah, en l’occurrence ce matin, il n’y en a pas eu besoin.

A un moment, comme elle me tutoie, je la tutoies. Regard noir. Silence dans la salle.

Jusque la fin de l’aprem, j’ai tourné mes phrases de manières à ne pas interpeller. Ni vouvoiement ni tutoiement.

Quelques minutes, plus tard.

« Je te laisse gérer le nettoyage de l’endoscope, ok? »

« Mais je n’ai rien vu encore. Je ne sais pas. »

« Quoi??? Mais sérieusement ?? Mais vous avez fait quoi ce matin? Tu restes 5 jours et tu crois que tu vas rien faire? »

« Mais montre moi celui-là et je fais le prochain. »

« Bon, laisse tomber. »

J’ai eu une insomnie à cause de mon fils alors je suis un peu épuisée et je commence à me dire que la position de stagiaire est vraiment compliquée.

Sur la procédure suivante, le médecin me pose des questions : où j’ai travaillé? A quel niveau de mes études je suis? Qu’est ce que je veux voir?

L’infirmière réalise que c’est mon 1er jour, de mon 1er stage de 1ère année.

Son ton radoucit.

« C’est pour ça que là, en début d’après-midi je suis encore un peu gauche mais je m’adapte vite. »

« nan mais c’est normal. » « Oui t’inquiète pas, on va t’expliquer. »

Elle m’a donné plus d’explications supplémentaires sur les procédures, le matériel. Tout est bien qui finit bien.

Vraiment pas facile de redevenir stagiaire…

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E-pui-sée

3 semaines de cours dans l’école IBO. A la fois, j’ai l’impression de ne pas faire grand chose et à la fois, je me rends compte que l’on a abordé pas mal de chose.

J’ai cette sensation de ne rien faire à rester assise à écouter quelqu’un parler. C’est un exercice difficile quand dans sa vie professionnelle, nous sommes toujours debout, en mouvement. Là, assise, concentrée, je dois m’intéresser aussi bien à l’éclairage opératoire qu’aux phénomènes électriques pour parler du générateur haute fréquence (bistouri électrique) en passant par la vascularisation du système digestif.

Pourtant, quand je fais mes petites fiches, je vois bien qu’en trois semaines on a balayé déjà pas mal de chose.

Maintenant, je rentre en période de stage. Un peu d’endoscopie et de bloc polyvalent dans un petit centre hospitalier, pas loin de chez moi. Me voilà prête à recommencer à me présenter comme une étudiante, repartir voir des inconnus pour dire qui je suis, découvrir de nouvelles interventions, de façons de faire différentes et réapprendre à s’adapter à de nouvelles méthodes à chaque fois, ne pas nécessairement dire ce que l’on pense.

Encore une fois, j’ai eu des cadres très agréables. « Y a t’il des interventions que vous souhaitez voir? » « Vous habitez loin? Si vous voulez, on peut adapter vos horaires pour que vous ayez votre mercredi avec vos enfants si vous en avez. » » Il n’y a pas de casier pour les étudiants, mais si vous voulez, on peut faire de la colocation de casier avec le mien! »

Voilà 3 semaines de cours qui sont passées et je ne suis pas mécontente de retourner un peu au bloc opératoire.

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Réunion de service

Notre cadre a réuni les infirmières du service. Voici le récit…

Cadre: « je vous ai réunie car je sens une tension dans l’équipe et je souhaite être toujours à votre écoute. »

Équipe: « nous sommes épuisées par le sous effectif, nous ne pouvons pas former les nouvelles à l’instrumentation ce qui fait que ce sont les mêmes qui s’habillent le matin, l’aprem et parfois la nuit. L’entrée des patients en salle opératoire ne passe plus par nous, ce qui fait qu’on fait rentrer, à l’heure où l’on devrait partir, un patient pour une pose de holter par exemple. On ne rechigne pas si c’est une urgence mais partir en retard pour holter, c’est non. Et puis comme on a tous les jours plusieurs intérimaires, il nous est impossible d’avoir une pause repas de plus de 15min entre deux interventions ! Nous sommes épuisées, solidaires, unies, besogneuses mais épuisées par les conditions. On comprend que vous subissiez le sous effectif également mais nous avons besoin de votre aide. »

Cadre:  » Mais pourquoi ne pas l’avoir dit avant. C’est inadmissible. Excusez-moi de ne pas l’avoir vu avant. Je suis là avec vous. Je ne laisserais plus faire n’importe quoi! Je fais front avec vous. Il est temps que les équipes comprennent la place importante qu’ont les infirmières dans ce bloc!! Il vous faut une pause légitime entre deux interventions. Vous ne tiendrez jamais dans ces conditions. Or de question que les chirurgiens et cardiologues fassent n’importe quoi et n’importe quand dans les entrées salle. Et s’ils font descendre un patient dans votre dos, vous venez me voir et j’expliquerais moi-même en personne au patient pourquoi il ne peut être pris au delà des horaires d’ouverture du bloc. Concernant les recrutements, je vais mettre la pression au-dessus parce que ça commence à bien faire. Et afin que vous puissiez former nous allons augmenter le nombre d’intérimaires! »

Elle s’est levé, la main sur le coeur: « je me souviens des difficultés de vos postes quand j’y étais et je suis prête à me battre à vos côtés afin que notre identité infirmière soit forte et respectée ! Nos vies personnelles comptent et ne doivent plus pâtir de notre vie professionnelle ! »

Nous nous sommes levées avec elle, la larme a l’œil, fières de notre identité infirmière, soudées comme jamais avec notre cadre avec le sentiment d’avoir été écoutées dans un dialogue réciproque.

C’était beau.

Nan, je déconne.

On a imposé un dialogue à notre cadre qui repoussait sans cesse la réunion.

Elle nous a expliqué en substance que c’était ça d’être infirmière au bloc cardiaque et qu’on avait choisi notre métier. Que s’il faut rester pour une urgence et bien on reste on a qu’à adapter notre vie perso en fonction du travail et pas l’inverse.

« Une pose de Holter n’est pas une urgence! » « Si le cardiologue dit que c’est urgent, c’est urgent. »

Ensuite est venu le couplet de « c’est pire ailleurs » et « c’était pire avant quand j’y étais et je ne me suis jamais plainte. »

Avant au moins les infirmières étaient professionnelles. Maintenant, elles ne pensent qu’à leur vie personnelle plus aucun sens du dévouement pour patient. « Jamais, je ne ferais remonter un patient dans le service. Si le programme a pris du retard, et bien tant pis vous rester. »

« Non mais là semaine dernière je n’ai pas pu aller chercher mes enfants à l’école. »

« Oui et bien je ne vais pas écouter les petits problèmes de chacune! Vous imaginez si tout le monde vient me raconter sa petite vie. »

« Mais c’est pas ma petite vie, mes petits problèmes, ce sont mes enfants qui se sont retrouvés à la porte de l’école. »

« Mais vous n’avez qu’à prévoir toujours un plan B, ça n’est pas problème ! Si je fais remonter ça au chef de service il vous répondra que vous n’êtes pas adaptée au service. »

« Vous dites que je ne suis pas adaptée au service? Depuis le temps que j’y travaille? Avec tout ce que j’y fais? »

« Je n’ai jamais dit ça, j’ai dit que c’était ce qu’allait vous répondre les instances supérieures. »

« Mais vous, vous êtes cadre, comment vous vous positionnez car c’est à vous que je parle là. »

« Moi je n’ai pas à vous répondre …et de toute façons vous ne comprenez jamais rien. J’ai un problème avec vous depuis le départ. »

J’ai eu le bec cloué tellement j’étais blessée car à la base, je l’aime bien ma cadre. Et je me suis pris cette claque dans la face. L’équipe était sidérée par cet échange. On est repartie atterrées.

Quelle sera la suite…?

A suivre au prochain épisode…

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« Un grand merci pour ton aide »

En ce moment, mon équipe est très tendue.

Beaucoup de départs non remplacés, des arrêts maladie suite accidents du travail et corps endoloris par de trop longues instrumentations sans remplacement. Nous sommes en sous effectif permanent et très sollicité.

Les interventions sont de plus en plus longues et plus compliquées. Mais l’équipe est là, soudée.

Alors qu’on doit gérer l’intervention avec souvent derrière nous un intérimaire à qui il faut tout expliquer car ils ne connaissent pas nécessairement le lieux ni les interventions, on se fait rabrouer par les chirurgiens parce que la compresses n’est pas pliée au bon endroit, parce-qu’on a donné son fil avec un porte aiguille fin alors qu’on devrait savoir depuis le temps que lui il le veut avec un porte aiguille fort.

« Et puis vous prenez trop de temps entre les interventions, patient d’avant est sorti il y a 45 minutes »

C’est a dire qu’entre deux interventions, il y a la salle à nettoyer, les instruments à préparer, les matériels à ranger et préparer et accessoirement déjeuner. Nos interventions durent 6 heures…

Un jour, grosse intervention. Professeur du service opère, Professeur d’anesthésie officie sur le même patient.

Démarrage à 7h30, à 15h00 quand le patient est stabilisé, le chirurgien fait une pause avec l’infirmière pendant 15min. Puis l’intervention reprend. 17h30 alors qu’on allait installer le patient dans son lit, grosse bradycardie, il faut poser une sonde d’entraînement. L’IADE pose l’isuprel, j’appelle le cardiologue en urgence, ma collègue file chercher le matériel.

Une belle synergie se met en place. Le hic c’est que je suis coincée en salle alors que je suis censée partir chercher mes enfants à l’école.

La sonde est posée, le coeur bat normalement, les enfants seront récupérés par une maman de l’école…j’arriverais 1h30 en retard.

Le calme est revenu et l’anesthésiste dit à son IADE. « Un grand merci pour ta réactivité. On s’est bien sorti d’une situation compliquée tous les deux. »

Pendant ce temps, le chirurgien se demande pourquoi on met autant de temps à sortir le patient…

J’avoue que je ne sais pas très bien si finalement c’est IBODE que je veux faire…

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Ressources Humaines

S’il y a bien une chose qui m’effare à l’hôpital, c’est la prise en compte des ressources humaines.

J’avoue que je viens de la banque. Avec tous les reproches que l’on peut faire à la banque, il y a une chose qui est bien faite (même si à parfaire) c’est la recherche des ressources humaines.

J’y suis rentrée avec une licence de biologie en poche. J’ai démarré au centre d’appel. Ils m’ont formée. Très vite un des superviseur a vu mes compétences commerciales et m’a permis d’évoluer. J’ai grimpé assez rapidement les échelons. J’ai eu des formations. A un moment, un DRH m’a proposé un placard. Il n’est plus DRH, je ne suis plus à la banque.

Tout ça pour dire que les aptitudes étaient recherchées et utilisées.

A l’hôpital, c’est plus compliqué. Là où je suis effarée c’est pour la fonction aide-soignante au bloc chez nous.

Ici, les aides-soignants s’occupent des commandes de matériels. Enfin certains matériels (sondes urinaires, canules d’aspiration…). Le matin, ils s’occupent de décartonner les livraisons, les mettent dans les armoires, et posent les armoires devant l’arsenal afin que l’on puisse ranger. Ils font ça sur plusieurs blocs.

Des aides-soignants, formés aux soins font du décartonnage et des commandes.

Il fut un temps où l’un d’eux était dans le planning des astreintes en tant que brancardier. Un AS au bloc quand tu reçois une urgence, ça signifie que tu peux donner le matériel en 4eme vitesse à ta collègue instrumentiste pendant que l’AS fait la préparation cutanée.

Royal.

Sauf que les brancardiers ont voulu récupérer leur pré carré. Et je les comprends. Les astreintes, c’est une rémunération supplémentaire non négligeable. Si vous mettez des personnes qui ne travaillent pas en tant que brancardiers la semaine et qui prennent vos astreintes, vous ne seriez pas contents.

Alors les AS sont sortis complètement du soin.

– » ça ne t’ennuie pas toi de ne plus faire de soins? »

– » Si mais que veux-tu? Des gens ont décidé que les stock seraient gérés par les AS, on fait quoi? »

Des compétences passées à l’as.

Dans les brancardiers, certains font leur taff. Amener dans la sécurité un patient d’un point A à un point B. Et ils le font très bien.

Et d’autres ont un regard soignant. Ils ont un oeil sur la sat quand le patient est sous O2. Ils rentrent en salle, regardent le scope, savent que l’on est en plein clampage et qu’il ne faut pas trop parler. Etc…

Eux, je me dis que qu’on doit leur sauter dessus à chaque entretien pour faire IDE ou AS.

-« Mais, Des idées, moi j’aime le bloc. Si je fais AS, on va me faire faire des commandes ou me mettre en service. Je ferais bien IDE mais on me le propose pas et j’ai peur ne pas être payé pendant ma formation du coup. »

Alors le matin quand on court à donner la table et faire la préparation cutanée, on appelle les brancardiers pour aider, genre faire le zéro poubelle. (Ndlr: on vide les poubelles en début d’intervention pour ne plus avoir de compresses blanches en salle mais que des compresses radio opaques et être sûr du compte de compresse.)

Brancardiers :-« Mais pourquoi les infirmières nous appellent pour vider les poubelles? Elles ont un Bac +3, elles ne peuvent pas se baisser à vider les poubelles.? »

Cadre « c’est vrai, les infirmières c’est quand même pas compliqué de vider les poubelles. »

IDE :  » Quand je m’occupe des poubelles je ne m’occupe pas des patients. Mettez moi un AS qui fait la prep cutanée et je vous les vide les poubelles. »

Petit coup de gueule du matin sur la fonction d’AS exploitée mais aux compétences sous exploitées.

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L’importance d’aligner…

Je suis bordélique. 

Il faut le savoir. Depuis toujours.

C’est le bazar dans mes affaires et parfois aussi dans ma tête !

Au boulot, par contre, j’essaye d’avoir tout bien rangé. Sur la table d’instrumentation, je fais en sorte que ce soit bien aligné et bon endroit.

Je range le bureau et fais en sorte que l’arsenal soit nickel !

J’ai des collègues au contraire ultra organisés. Un en particulier a un casier bien ordonné, une table parfaite et quand il est panseur, il aligne les étiquettes sur la feuille de salle.

Un jour, je l’ai remplacé quelques minutes et je me suis amusée…

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Changement d’interne…

En mai et novembre, il y a les changements d’internes. 

Quand j’étais étudiante, c’était toujours un moment plein d’émotion. C’est toujours impliquant de les voir arriver dans le service.

J’ai le souvenir de cet interne dont c’était le tout premier semestre. Moi j’étais en dernière semaine de stage en dernière année. Il etait tout jeune, sorti de l’œuf mais avec déjà un bon bagage de connaissances.

Je lui fais part de mon inquiétude concernant un patiente qui semblait pas bien. Difficulté respiratoire, petite mousse au bord des lèvres. Je pense à OAP forcément. Il me demande de quelle couleur est la mousse. Je vois la terreur sur son visage. Quelle décision prendre?

Je ne sais pas quoi lui dire. Il ne sait pas quoi me dire. Il se passe l’instant de quelques secondes qui paraissent interminables où nos regards restent scotchés. Je ne sais plus quelle décision il avait prise. Mais je me souviens que le lendemain la patiente etait morte. Je crois qu’elle était déjà condamnée par son infarctus mésentérique qui était en train de se faire. Quelle qu’aurait été sa décision, je crois que le sort de cette dame etait déjà joué. Pourtant sur la dernière semaine, il ne m’a plus regardé dans les yeux. Premier jour, premier mort. Premier sentiment de culpabilité? J’ai appris ensuite qu’il avait abandonné son internat assez rapidement. Tant d’année d’étude et abandonner. J’étais entre la peine pour lui et le soulagement de ne plus avoir cette pression pour lui.

Je me souviens de cette interne qui venait d’une reconversion d’ingénieur à médecine. Un peu plus de 40 ans et interne. Des enfants à la maison. La maison à 80km. Elle les rejoignait le we et parfois en semaine. Le sacrifice. Des cernes. Des cheveux gras. Une grande fatigue. Un grand professionnalisme. Elle forçait l’admiration.

Mon souvenir avec elle? Un jour, ou plutot un soir, elle vient nous voir pour savoir comment va le service avant de partir. On la trouve pâle. Elle dit qu’elle va prendre sa voiture pour rentrer chez elle. On lui conseille de dormir dans une des chambre du service où il n’y a pas de patient avec de prendre la route. Elle s’allonge pour faire un petit somme…on ne l’a pas réveillée. Enfin juste le matin pour éviter qu’un des chefs ou que sa co-interne et « pire ennemie » ne la trouve.

Il y ce FFI, ces medecins/chirurgiens diplômés dans leur pays mais faisant fonction d’interne en France, dont je m’étais amourachée, de manière unilatérale, pour lequel je rougissais en sa présence comme une midinette lors de la visite. Ces « qu’en pense l’infirmière ? » avec son petit accent et son petit sourire en coin me faisait fondre.

Chez nous les internes restent un an. Pour la plupart ce sont des internes étrangers. C’est émouvant de voir leur évolution. Leur soif d’apprendre au début, leur déception de voir que souvent les seniors ne les laissent suffisamment d’autonomie pour évoluer, leur joie de rentrer à la fin pour retrouver leur famille.

Normalement, il reste un an de novembre à novembre mais là il y en a un qui vient de décider de partir. On le sent soulagé.

Bon vent à lui pour aller dans une spécialité qui lui conviendra mieux et dans laquelle il se sentira mieux.

Bon changement à tous les internes et surtout bon courage. Vous avez toute mon admiration…

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Quand le téléphone sonne…

Ce matin, mon téléphone a sonné tôt  pour un dimanche. J’ai bondi de mon lit. Je me suis habillée. 

Quand je suis d’astreinte, je fonce quand le téléphone sonne.

Je suis arrivée au bureau de vote à l’ouverture. Je pensais être la première mais il y avait déjà du monde. Je suis fière de mon petit village de 500 âmes.

Il faut prendre les bulletins. Je ne les prends pas tous. Je choisis. Disons que je les prends quasi tous sauf ceux qui me brûlent les mains.

Je ne vais pas donner de noms mais disons que ceux qui prônent le repli sur soi ou un retour à un ancien temps, très peu pour moi. 

J’arrive dans l’isoloir et je dois choisir. Deux me font hésiter. Entre un choix de ma famille-de-cœur-mais-que-la-encore-une-fois-ils-ne-sont-tous-unis-derriere-leur-candidat-comme-depuis-3-elections-successives. J’aime bien ce candidat mais je pense qu’il est perdu dans sa propre famille.

Et l’autre que je qualifierai d’ambidextre. Il est convaincant sur certains points. Un peu moins sur d’autres me concernant.

J’ai retourné les papiers. Je les ai mélangé. J’en ai pris un et je l’ai mis dans l’enveloppe. 

J’ai retourné celui que je n’ai pas choisi. J’ai souri.

Bref, j’ai voté.

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Le petit patient

J’ai toujours une appréhension quand c’est mon tour.

Je parcoure le long couloir qui m’amène de notre bureau aux patients en attente.

Je me répète ce que je vais lui poser comme question. Je le tutoie ou je le vouvoie? Est ce que je lui pose les mêmes question qu’aux autres patients?

J’approche des portes. Elles s’ouvrent. Je prends une grande respsiration et mon plus beau sourire.

« Salut, je m’appelle Des idées d’IDE, je suis infirmière de Bloc opératoire, c’est moi qui vais t’accompagner en salle et je resterais présente. »

Ok donc je le tutoie. C’est venu comme ça spontanément. Un coup d’œil aux parents avec un hochement de tête pour dire bonjour.

Accueillir un enfant au Bloc, c’est toujours délicat. Enfin pour moi. Cet enfant, il a juste 2 ans de plus que mon fils.

Je lui pose des questions tout en regardant des parents pour etre sûre des réponses.

Nom? Prénom ? Date de naissance? À jeun? Lavé à la Betadine? Pas de réactions allergiques ? Des allergies connues? Du matériel métallique dans le corps? Plaque ? Clou? Vis? Prothèse? Pace maker? Pas de prothèse dentaires ? Auditives? Lentilles de contact?
Les questions basiques…

Les parents sont tout sourire. Il répond timidement. Il a une petite voix. Les lèvres qui sourient et les sourcils froncés trahissant une peur.

On sent qu’il se contient. Je dois temporiser car la salle n’est pas prête. Je tente de faire la conversation. J’explique aux parents de ne pas attendre ici car le temps risque de leur paraître long. 

Je sors les rames et je pose plein de questions: quelle classe? Sa matière préférée? Son sport préféré ?

On le rentre enfin en salle opératoire. Il est super calme. 11 ans. Il n’en est pas à sa première intervention. De manière générale, les gens qui viennent je les trouve étonnamment calme, mais les enfants forcent encore plus l’admiration. 

Il est au centre de la salle et tout le monde s’active. Là, c’est de la rythmologie, pas du cardiaque. On va juste changer son boîtier de pace maker. Mais quand même.

Pendant qu’on lui pose le matériel de surveillance, je reste à côté pour papoter et lui changer les idées. Il y a toujours un implicite dans la salle quand il y a un enfant, on se moque gentiment les uns des autres. Se chambrer devant eux comme une sorte de spectacle.

J’ai juste envie d’attribuer un mauvais point à l’intervenant du fabricant de Pace Maker qui lui a dit: « On va te mettre un super appareil. Une vraie bombe. »

Ouai…je sais pas si en tant qu’enfant j’aurai voulu qu’on me dise qu’on va me mettre une BOMBE connectée à mon cœur…

L’intervention se passe. Et puis on attend le réveil….on attend…

Il etait bien endormi. On l’appelle par son prénom. Pas de réaction. Une heure passe en salle.

Et d’un coup, il refait surface. Il ouvre les yeux. Il parle d’un coup net distinctement. Je lui dis que c’est fini et que ça s’est bien passé. Il est tout sourire. On le dé-scope. 

Il est tout sourire et en sortant de la salle operatoire, il lève le bras et me dit: « Au revoir, Des idées. »

J’ai eu une série de tentatives (qui ont échouées) de réanimation d’enfant ces derniers mois qui m’ont beaucoup affectées, alors j’avoue que voir partir cet enfant tout sourire et qu’il m’appelle par mon prénom, ça m’a mis du baume au cœur.

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Ça tient parfois à peu de chose.

Quand je suis arrivée au bloc, les chirurgiens me faisaient un peu peur.La chirurgie me faisait peur. Je craignais toujours de faire une erreur qui allait être délétère pour le patient.

Je me suis détendue et appréhende différemment mon métier, avec bien moins de stress.

Les chirurgiens ne vous accordent pas de suite leur confiance. Cela s’acquiert. 

En un an et demi, sur les 7 chirurgiens, 5 m’apprécient aujourd’hui. Il y en a deux pour lesquels c’est compliqué.

Il y en a un qui ne m’aime vraiment pas. Chaque geste de ma part se transforme en reproche de son côté. Je n’ouvre pas la bouche de l’intervention. Ça me passe au dessus de la tête. Je ne suis pas là pour etre amie avec les chirurgiens. Je suis là pour le patient. Je fais du mieux que je peux avec les connaissances qui m’ont été transmises. Ça se passe bien avec la majorité des chirurgiens donc ça va pour moi. Mais j’avoue que si je peux éviter une intervention avec celui là je le fais.

L’autre chirurgien provoque chez moi un malaise. C’est le professeur du service. Il est deux fois plus grand que moi, la voix grave, l’air énervé. J’ai l’impression d’être devant mon papa qui me grondait quand petite je venais de faire une bêtise.

Je bégaye, je bafouille. J’ai 40 ans bientôt mais quand je suis face à lui j’ai 8 ans et je viens de casser la vitre du salon avec mon ballon.

Enfin ça c’était avant. Ces derniers temps je l’ai beaucoup instrumenté. Je vois bien qu’il est aussi mal à l’aise avec moi. Je réalise que je ne suis pas sûre qu’il connaisse mon prénom. Il se détend petit à petit avec moi mais ça reste distant avec moi alors qu’il plaisante avec mes collègue. 

Et puis un jour, en pleine intervention, des drains qu’on déplace, je me prends une grosse giclée de sang sur le front. Il éclate de rire. Apres que ma collègue ait enlevé ce qui risquait de retomber dans le champ, il me reste un gros point rouge sur mon callot. Ça le fait rire. Il se met à plaisanter avec moi et m’appelle par mon prénom. Il me tutoyait avant et se met à me vouvoyer.

Quand je pense que tout ne tenait qu’à une petite giclée sur le visage! 
(J’ai bientôt 40 ans mais je pouffe de rire d’avoir écrit cette dernière phrase qui au départ se voulait innocente!)

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