Mon petit dragon, le retour.

Ce matin, je découvre une infirmière que je ne connais pas d’habitude. Elle revient d’arrêt maladie. Deux choix s’offrent à moi: soit je continue avec les mêmse patients qu’hier soit je change de patient pour aller avec une IDE que je connais.

Je choisis de tourner avec L’IDE que je ne connais pas. Elle ne me laisse pas préparer grand chose. C’est con pour une fois que j’ai des trucs à préparer. Elle ne connait pas les patients se trompent sur des horaires d’antalgique me tue du regard quand j’ose lui faire remarquer. On démarre le tour.

Premier patient, cela fait plusieurs jours qu’il est là, on commence à bien se connaitre. Il est réveillé, assis sur sa chaise à lire. « Bonjour, comment allez vous ce matin ? » avec mon air très enjoué. Je suis comme ça je parle souvent avec un ton plein d’entrain. Elle me regarde comme si j’étais folle. Ok ça m’a calmé. Mes prochains « bonjour » seront plus froids.

Deuxième patient, je lui demande comment il a dormi. Cela fait plusieurs jours qu’il dort mal. Il commence à réaliser que sa paraplégie ne sera pas temporaire. Il commence à avoir pas mal de complications du décubitus (embolie pulm et constipation). Il me fait un grand sourire. Avant de poser le brassard à tension, j’aime bien prendre le temps de poser des questions sur la douleur, sur la nuit. Elle me demande de me dépêcher. Alors j’accélère le mouvement. Je lui demande de bien vouloir me laisser faire la totalité des prélèvements veineux. Elle acquiesce. Je fais donc celui du deuxième patient. Quand je sors, je vois qu’elle est au troisième patient, en train de faire le prélèvement.

Elle a tout fait ce qu’il y avait à faire chez le troisième. Je lui demande à lui comment il va. Elle lève les yeux au ciel.

On arrive au 4ème patient. Hier, quand je suis partie, il n’avait pas le moral. Je vais donc le voir. Je prends une voix douce en lui tenant la main. On commence à bien se connaitre. Je lui demande comment il va, comment il se sent. Je sais qu’il a bien chauffé dans la nuit. Ça fait plusieurs jours qu’il aurait dû sortir mais pareil , il enchaine les complications du décubitus. Je parle un peu avec lui car je vois des magazines sur la chasse. Il retrouve le sourire. L’IDE arrive et me demande pourquoi il n’y a pas le traitement contre l’hypertension dans la plaquette. Je précise que ça fait plusieurs jours que ne lui donne pas car sa tension est basse ces derniers temps et que les médecins sont prévenus. « C’est prescrit. Si c’est prescrit, il faut donner. »
Le patient précise qu’on lui a dit d’arrêter. Elle peste sur les internes incompétents qui ne de prescrivent pas. Devant le patient, c’est toujours la classe. Ça met en confiance.

5ème patient. Mon petit relou d’hier. Elle lui pose son doliprane. Il dit qu’il le prendra plus tard avec le petit déjeuner.  » Non vous le prenez maintenant ou je le reprends. » Ce monsieur a la cinquantaine. Il est relou certes mais il a toute sa tête. Je veux bien qu’on soit attentif à ce que le patient prenne de suite son traitement quand on est face à une personne qui a des troubles mais quelqu’un qui a toute sa tête… Bref.

Quand on arrive au sixième, je suis appelée par l’aide soignante pour aider à installer un patient pour le petit dej. Quand je reviens, elle est en train de faire le dernier prélèvement veineux. Super. Ok

Pour les deux derniers patients, je commence à en avoir marre de cette impression de retourner en stage d’observation niveau 3ème. Je commence à franchement faire la gueule. Le patient avec lequel je discute bien d’habitude me demande ce qu’il se passe. Sourire de façade. « Oh rien, tout va bien, j’étais dans mes pensées. »

L’IDE commence à râler sur les plaquettes médicaments qui sont mal faite. « Forcément avec les jeunes IDE qu’il y avait hier, c’est du grand n’importe quoi. » L’IDE qui dégomme les collègues devant la stagiaire: je sens que je vais passer une matinée de merde.

J’envoie les prélèvements au labo. Quand je reviens, l’IDE et l’AS démarre une toilette. Sur le chariot avant d’entrer en chambre, je vois une chemise de patient. Je précise que le patient transpire beaucoup et qu’il préfère ne pas avoir de chemise mais juste un drap. Elle me dit que je suis complètement irrespectueuse. Je ne comprends pas pourquoi elle me dit ça. Bref, elles démarrent la toilette sans moi. Et quand je rentre pour savoir si je peux aider, elles essayent de mettre la chemise au patient. Il demande à ne pas en avoir.

« C’est complètement irrespectueux vis-à-vis de nous monsieur de rester nu. Je sais que mes collègues le font, mais moi je trouve ça irrespectueux et vis à vis de vous aussi. Dans le lit,  monsieur, vous avez perdu toute notion de pudeur mais moi je ne veux pas vous voir nu. (avec un air de dégout vers le patient). Tu le laisses le nu, toi. ? ».

« Avec toujours un drap sur lui pour respecter sa pudeur mais monsieur ne souhaite pas avoir de chemise car il transpire beaucoup… » Je crois en vérité que le vrai problème, c’est qu’il est mal à l’aise dedans car il a un très gros ventre et ce doit être inconfortable pour lui.

Je sors un peu énervée et vais démarrer une toilette. J’installe la patiente devant le lavabo. Elle se gère toute seule. En sortant, on me précise qu’un patient part en imagerie. Je préviens l’infirmière.  » Oui et alors ? » Alors rien. Je te préviens, c’est tout. Au bout de quelques minutes, elle vient me voir et me demande si pour le patient qui est parti, j’ai bien fait démarrer le deuxième antibio.

 » Euh, non. Tu ne m’avais pas dit que tu avais mis le premier antibio à partir. »

« Ah il faut tout te dire à toi, donc. » Lève les yeux aux ciel. « En troisième année quand même. »

Un patient me regarde dépité. Il a compris que ma journée était pourrie.

Le patient revient d’imagerie, je constate que l’obus d’oxygène est vide. Je vais voir le deuxième obus du service. Il est presque vide. Mon patient est à 6L/min il faut que je prévienne qu’on va avoir des soucis pour ses différents mouvements du jour vers différentes imageries. Elle me dit de voir la cadre qui me dit que c’est dommage on arrive 10 min trop tard pour l’avoir aujourd’hui. Je répercute l’info à l’IDE qui me dit que quand même j’aurais pu m’en rendre compte plus tôt. Bien sûr, à 6 étages de différence je suis tout à fait en mesure de voir la jauge. Il y a des pansements à faire. Je n’en ferais pas. Un pose de cathé. « Non, il est difficilement piquable alors je ne préfère pas. » J’imagine qu’elle doit dégommer les jeunes diplômées qui ne savent pas piquer autre chose qu’une veine bien gonflée. Elle ne me communique aucune information qui arrive sur les patients, part sans me dire où elle va, ne me propose pas de faire la pause café et part discrètement à la tisanerie.

Je me suis bien fait chier ce matin.

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13 commentaires pour Mon petit dragon, le retour.

  1. Jessica dit :

    J’espère que tu ne l’a rencontrera plus jamais celle là … parce que pour te démoraliser y’a pas mieux! heureusement il y a encore des gens qui aiment leur boulot, et surtout qui essaye d’aider les futurs diplomés ,même si l’encadrement c’est pas ton truc essaye de pas faire vivre un enfer aux autres! j’ai eu des situations comme ça pdt mes études et depuis je me suis juré d’accompagner au mieux les étudiants, comme les nouveaux ide qui arrivent dans mon service.

    Bon courage à toi

  2. scarletttanager dit :

    Chez les Aides-Soignantes, je te rassure, c’est pareil ! Les « nouvelles » ne font rien de bien, elles perdent du temps en ne travaillant pas « à la chaîne », elles osent parler aux patients ! (Quelle honte). J’ai vite arrêté, même si c’est un travail remarquable.

  3. La vache, elle me rappelle une ou deux infirmières quand j’étais élève.
    Ou certaines IDE/AS même quand tu es diplômée…
    Comme tu dis, du genre, tu passes une journée de merde…

  4. du grand classique…hélas!!!

  5. splendIDE dit :

    oh t’inquiètes pas va des cons y en a partout !
    Moi je bosse en intérim car justement j’ai du mal à piffrer ce genre de nana qui sont là que pour descendre des étudiants ou des collègues !

  6. Lu dit :

    Courage!

  7. chonchon dit :

    oh lala ! comme je te plains ! rien que de te lire ça me donne la nausée ! je me suis toujours demandé comment de telles personnes (et Dieu seul sait qu’il y en a dans les hôpitaux !!) peuvent prétendre travailler avec de l’humain??!! autant faire autre chose si on n’a plus envie de bosser dans ce milieu !
    et bien oui moi aussi ca ne me donne absolument pas envie de bosser avec des gens pareils ! vive l’intérim !

  8. Darfeuille dit :

    Mais quelle horreur une « professionnelle » pareille!! Une mal b***** oui!! J’espère que ta fin de stage se passera mieux, à ta place je consignerais tout ça par écrit pour ne rien oublier et demanderait un rdv avec la cadre à la fin de ton stage…

  9. Outch ! Journée de merde ! Certains ne se souviennent pas qu’un jour, ils étaient « nouveaux »… Cette personne mériterait un bon allez-retour de ta main droite !

  10. Tigresse dit :

    Ah la fameuse vieille aigrie… existe aussi en version aide-soignante. Rien à faire de plus que faire profil bas et l’éviter au plus pour les prochaines fois 😉

  11. Bambi dit :

    J’appelle ça une journée ordinaire à l’hôpital… je me suis cassé sans diplôme avant de péter les plombs (ce comportement de merde + le harcèlement moral constant à l’IFSI, merci bien). C’est con, j’adorais ce métier.

    • clatolo dit :

      Et vous faites quoi maintenant? Moi aussi je suis à deux doigts d’arrêter tout alors que je suis en troisième année. Je n’ai pas pu terminer le dernier stage de 10 semaines tellement j’étais mal….

  12. Le pire c’est quand tu es professionnelle et que tu as des collègues dans ce genre, et dans le genre « Madame Perfection-bien vue par la chef », là c’est la loose parce que quand tu es élève tu peux te dire que tu t’en vas dans 5 ou 10 semaines… C’est con quand ça se passe bien avec les autres et que le service te plaît…

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